Il pleut sur Varsovie…

Autre matin gris dans le ciel de Varsovie.
Le soleil a honte, il se cache. Les nuages
Parlent à sa place. Des averses de pluie,
Déferlent dru, sur le ghetto de Varsovie.

Les chiens se taisent. Plus un bruit dans Varsovie :
Rien que des hommes meurtris aux pas alourdis,
Au visage émacié, au regard ahuri.
La pluie ne mouille pas leurs silhouettes flétries,
Il pleut sur Varsovie.

La pluie ne lave pas leurs membres décharnés,
Elle ne fait que glisser, jusqu’au bout de leurs pieds.
Des ombres sans sourire gagnent leurs abris,
De tôle et de bois, de multiples débris.
Il pleut sur Varsovie.

Le sommeil s’est enfui du camp de Varsovie,
Rien que de la boue sur des corps ensevelis.
Les coeurs ne hurlent plus… Par-delà le souffrir,
Les âmes sont déportées. Ni Dieu, ni anges,
Ni même Lucifer, ne hantent cet enfer.

Il pleut sur Varsovie et nul ne s’en soucie.

Poème écrit et publié ailleurs il y a quatre ans maintenant… Publié sur mon blog dès sa création, il y a un an, je n’avais pas activé le lien qui me permet de twitter mes textes.

 

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Libre Ronde…

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Vois,
La lune brûle comme un soleil
Ce soir. Les étoiles une à une chancellent
Et près de moi te rappellent 
Mercure mande son coq sonner le réveil
La lune brûle comme un soleil

C’est l’été qui revient dans ton cou voyageur
J’y respire la pêche et le péché
La pomme et ce ver oublié
D’Adam, tout à son bonheur
C’est l’été qui revient dans ton cou voyageur

Ensemble sur les chemins froissés
De feuilles à la nervure de nos mains
Bravant les champs du doute, demain
Nous marcherons les lèvres embrassées
Ensemble sur les chemins froissés

 

La vie est faite de départs, de retours, d’arrivées, concrètes ou symboliques…
Un poème comme une escale… Je n’ai mis que la ponctuation minimale, libre à toi,
Cher Lecteur, d’y mettre ta respiration.

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Haïkus de ciel et d’eau

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Sol sur la jetée
l’hirondelle bat des ailes
la terre soupire

Colère du ciel
la terre mouillée palpite
l’oiseau s’est caché

Terres silencieuses
l’onde lèche les rochers
dans la nuit un phare

Reflet de lumière
l’or dans un nuage noir
le veilleur de l’onde

Battu par les flots
l’écume du temps qui passe
vivant il raconte

Fraîcheur matinale
le coeur des roses est humide
sur leur tapis vert

Une larme glisse
le bonheur en gouttelettes
pétale de soie

Une trace d’eau
le visage dérobé
la lune gémit

La lune a pleuré
la chevelure défaite
sur sa courbe ronde

Une déchirure
fendu d’un rayon : le ciel
journée de lumière

L’or du soir au coeur
un murmure de pétales
vibrant sur leurs tiges

Râ éblouissant
l’été en frissons de peau
l’horizon sourit

Instinct de survie
la nature est fabuleuse
tous sens en éveil

J’ai regroupé une grande partie des haïkus écrits cet été, en réponse ou pas à des Twittos…
Il s’avère que le ciel inconstant et l’eau qui a arrosé généreusement juillet et août revenaient constamment dans les propos…

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Va…

Va

Ne te retourne pas

Pas encore. Écoute l’aurore

L’aurore est bleue,

Bleue comme un dimanche sans rime,

Un dimanche qui s’endort.

Va

Franchis la porte

La porte où bâille la tendresse

La tendresse est pure,

Pure comme l’azur d’un jour sans fin,

Un jour qui sait.

Va

Je ne te suivrai pas

Pas cette fois. Je reste sur le quai

Le quai des mots perdus,

Perdus comme la lettre qu’on n’attend plus,

La lettre, que je n’écrirai pas.

Va

L’amour est une longue tresse

Une tresse couleur du cœur,

Le cœur est un moineau sensible,

Sensible comme la pupille levée vers le soleil,

La pupille qui reflète l’ ombre.

 

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Printemps est poète (haïkus)

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Silence est la pause
Les mots au flux déchaîné
ont brisé la digue

Mots en liberté
retour à la source pure
l’écrit en frissons

Rivières en crue
les mots déferlent en vagues
rivage en folie

Rayon de soleil
la mer dune sur les toits
Noyé l’horizon

Senteurs dans les bois
les oiseaux moqueurs susurrent
l’amour en feuillage

Dans le lit de l’onde
fleurs fanées, bourgeons rieurs
printemps est poète

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Dévoiler les étoiles

Sur les toits ondoyants veille la lune rousse
Enluminant la nuit de l’ocre du désir.
Des Loinvoyant, elle dissémine la poudre
Aux palais orientaux des tout-puissants vizirs.

De la fleur de mes doigts, je dessine un visage,
Dans le brun de ses yeux, glisse un rayon de feu.
L’âtre où brûle le cœur ne souffre l’afféage
Ni le miroir de l’âme, un écran pare-feu.

L’astre rougeoyant, deux silhouettes entoile.
Le jour pique au levant, à l’abeille pareil
La courbe de deux corps dévoilent les étoiles,
Sous son ombrelle, assis, s’éveille le soleil.

 

Loinvoyant : cf. L’apprenti assassin

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Ronde de Lune

Pâle, endormie,
la lune au soleil d’hiver
rêve de libres vers

Jaune, arrondie,
la lune à l’oeil étourdi
irise une lettre d’or

Découpée, rougeoyante
la lune en quartiers
est volupté gourmande

Dorée, énamourée,
la lune s’offre en croissant,
aux serres d’un oiseau blanc

Parée, parfumée,
la lune aux courbes ingénues
sur un toit dévêtue

Réjouie, attendrie,
la lune roule sa chevelure
sur l’ azur étendu

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Sol en cache

Il joue à cache cache et se rit du Printemps,
Dispense ses rayons avec parcimonie.
Aux belles, il conte le renouvellement,
Elles se dévêtissent, il souffre d’atonie!

Sur les bourgeons rieurs, il sème la torpeur,
Guette leur ouverture et baisse sa tenture !
Cruel, des mortels il attise les humeurs,
Se gausse de leurs pleurs en sa villégiature.

Aux caresses de cet inconstant Immortel,
Astre aux feux volages, tantôt tiède ou brûlant,
Je choisis, de l’amour, la morsure charnelle :
Sur ma brune toison, la bouche de l’amant.

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