Petit, il revient toujours…

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Même si le ruisseau est tari
Qu’il ne fredonne plus et qu’il meurt aux vasques des fontaines
Que des mots qui te défont, épars, ne restent que les phonèmes
Vois !
Il revient toujours
Il n’est de château dormant plus de cent ans
Les chatons dorés du noisetier
Les iris mauves et les samares de papier le clament au vent.

Même si l’azur éternue dans la brume
Que le soleil pâle affronte la lune noire
Que le pinceau ne dilue que les bleus de Renoir
Vois !
Il revient toujours
La forêt revêt ses dégradés de vert
L’or vif des genêts et des jonquilles brasille
Il n’est d’anges rubiconds sans Léviathan

Même si les abeilles ne te confient plus le secret de leur miel
Que la lyre d’Orphée a les accords d’une vielle
Écoute !
Il revient toujours
Les gazouillis étreignent l’aube dans un prélude à l’amour
La pomme de pin chiffonne l’air, comme une toupie
Les trilles du philomèle caressent les cœurs en peine
Il n’est d’univers merveilleux sans sorcière

Même si les étoiles timides se cachent dans leur mouchoir
Que les astres sans couleur refluent dans ton miroir
Écoute !
La Grande Ourse fait sonner ses crécelles
La vie gonfle tes veines de ses futurs espoirs
Petit, le printemps revient toujours
La femelle du coucou gris chante ses ardeurs
Et le ruisseau, à la source de tes larmes, reprend sa trajectoire…

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Un champ de symboles

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Il pleut, l’été pâlit et ma plume est en peine
Les collines au loin coiffées d’un chapeau gris
Dérobent leurs couleurs et la cime d’un frêne
Il pleut.Tout simplement. Pourquoi cet air surpris ?

Dépouillés de tout sens, les mots dans le ruisseau,
Çà et là ballottés comme l’herbe mauvaise,
Refusant de couler, tentent dans un sursaut,
De se hausser, perclus, jusque sur la falaise :

Ne cherchez pas mon cœur, je l’ai bouté dehors
Je ne peux offrir que la cale d’un navire
Désormais vide ! Elle qui contint un trésor
Secret, a perdu l’or qui aurait pu séduire…

Mais ce murmure… Il me semble sentir, Poète,
Sur la nuque, un souffle qui m’effleure, léger,
Est-ce le zéphyr ou bien vos lèvres ? Vous êtes
L’inconnu à la cape, étrange et familier.

Deviser vous et moi, de la pluie, du beau temps,
Des humeurs et du pain ? Au feu de la lanterne,
La magie qui nous frôle est la fleur de printemps ;
D’un champ de symboles, l’invisible poterne.

Poème en alexandrins, hommage au poète et à la magie des mots, qu’il faut savoir parfois préserver…

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Moi le simple rocher…

Voix : Michel Tissier

 

 

Comme un temple dressé, gardien de l’océan
Battu par le vent sur ton socle inébranlable,
Témoin muet et fier, solide et immuable
Mémoire du monde, de l’eau et du néant,

À ceux qui écoutent, tu racontes ta vie.
Les moules, le lichen accrochés à ta peau
Comme l’onyx, mouillée ; ils ne sont qu’oripeaux,
Éphémères lambeaux, coquilles de survie :

« Je surplombe les flots et défie la tempête
J’ai vu des galères, des boutres, des galions.
Frappés à la drisse, les plus beaux pavillons
Gonflés d’espérance, partir à la conquête.

J’ai vu l’homme libre et l’homme portant des chaînes,
Des héros dont l’écho porte encore les noms :
Flibustiers, corsaires, pirates aux surnoms
Flottant dans l’air marin, tels la fièvre quartaine.

Passent pourtant les jours, les mois et les années,
Le printemps et l’automne et l’hiver et l’été
Et l’enfant qui grandit et le vieil entêté
Et l’arbre qui se meurt et les roses fanées.

Rien ne résiste au temps ! Mais moi qui vous regarde
Je conte votre histoire et vous plains de ne voir
Le soleil sur la dune et la mer en miroir…
Moi, le simple rocher, je suis… celui qui garde. 

Je conte votre histoire et vous plains d’être sourds.
Sourds aux chants des oiseaux, au silence, à la terre.
Vous gaspillez vos jours à vous faire la guerre
Moi le simple rocher, je suis pétri d’amour. »

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Écrit en alexandrins, ce mètre si propice à l’épopée, j’ai souhaité adopter le point de vue d’un rocher, employant en l’occurrence, le procédé de style très prisé des fabulistes : la prosopopée.

Un rocher qui s’adresse aux hommes dont la vie est si courte et qui  gaspillent leur temps, sans voir la beauté de ce qui les entoure…

Le premier quatrain, semblable à une introduction et le dernier, à une clausule, alternent masculine-féminine-féminine-masculine, contrairement aux autres strophes où les rimes, également embrassées, commencent et se terminent par une rime féminine.

 

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Accrochés aux étoiles

La ronde des étoiles
Danse le cours du temps,
Imprime dans la toile
L’envers du continent.

Au vol d’un goéland,
L’océan se déplace,
Arrache un cri au vent,
Puis regagne sa nasse.

Les paumes de nos mains
Jointes, ne forment qu’Une
Au coeur des lendemains
Sculptés dans la lagune

Ton souffle est le printemps,
Et ton coeur, ma fortune.
Nous sommes deux enfants,
Au fronton de la Lune.

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Pétales nouveaux

wir.skyrock.net

Douze pétales blancs
Une corolle s’ouvre
Une fleur de printemps
Le sol passé recouvre

La lune et le soleil
Pistil éblouissant
Mêlent leur sang vermeil
Au ciel incandescent

L’homme, sens en éveil
Contemple la brillance
De ce monde en sommeil
Humaine quintessence

Qu’amour en nouvel an
Soulève la planète !
Qu’annonce l’olifant
La plus belle conquête !

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