Une histoire est vraie aussi longtemps qu’on la croit vraie

J’ai décidé de commencer cet article dans un ordre inhabituel, ainsi mes postulats se trouvent-ils au bas de la page. Ne vous privez pas de réagir…
Quelle est la réaction d’un enfant, lorsqu’on lui narre un conte ou lorsqu’on lui parle d’un héros de la mythologie, d’Achille par exemple, le presque invulnérable ? Il demande si cela est « vrai ». Il veut connaître « la part » de réalité, s’il en est une .
Et bien qu’on lui réponde qu’il s’agit d’un conte merveilleux ou d’une légende, ces événements ou ces personnages, poursuivent leur existence à ses yeux, il s’en imprègne, les assimile et les faits « siens » dans son rêve conscient, ou subconscient. Ceux-ci pouvant susciter phobies ou modèles.

Considérons un épisode de la vie, vécu par un quidam, cet épisode est vrai ou dirais-je plutôt, réel, puisqu’il s’ancre dans le passé de l’ individu.
Néanmoins, à partir du moment où la personne relègue l’épisode dans un coin de sa mémoire ou dès qu’elle prend de la distance avec ce « je » qui fut dans un épisode passé, qu’elle le regarde comme un étranger, au point parfois de s’exclamer : « Etait-ce moi ? » l’épisode quitte le champ du « vrai ».
Je vais à présent évoquer l’Histoire, celle qui relate l’évolution des sociétés à travers des événements et une chronologie. Dans une dimension extrême, imaginons quelque tyran, et nous avons le choix, décrétant et vulgarisant sur deux ou trois générations d’individus sa version de l’Histoire(et nous songeons à Hitler, mais aussi aux thèses révisionnistes), cette version deviendrait « vraie ». Ainsi peut-on défaire et refaire l’Histoire.
Aussi, l’enseignement de l’Histoire et le devoir de mémoire sont-ils indispensables à toute société sans quoi « le vrai » pourrait sombrer dans « la fable » !

Ce n’est pas son appartenance à la réalité qui inscrit l’événement dans « le vrai » mais la croyance dans cette vérité.

Une histoire est vraie aussi longtemps qu’on la croit vraie

Définitions et options :
Si vous consultez le dictionnaire, vous découvrirez qu’on a, pendant longtemps, distingué, l’histoire, du lat. Historia ( emprunté au grec) comme un récit de faits réels, et la fable comme un récit fictif .
Prenons le mot histoire avec les acceptions suivantes : narration de faits réels ou fictifs ou bien épisode donné ou vécu.
Quant au mot vrai, du lat. verus, le Littré en donne plusieurs définitions, j’ai choisi les suivantes :
 1°  Conforme à la réalité, à ce qui est.
 4°  Terme de littérature et d’art. Qui rend, qui exprime avec vérité les pensées, les objets. Un style vrai
 7°  Qui est réellement ce qu’on annonce, ou ce qu’il doit être.

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Le présent, temps idéal ?

À la naissance, le Temps nous enlace
Et qui aime la danse croit lui échapper
Mais la valse finale, de la vie nous délace
Et la faucheuse ne tarde à nous écharper.

« L’Homme avance vers la mort, la tête tournée vers le passé. »
Cette phrase m’est venue alors que je tentais de saisir( quelle prétention, ai-je d’abord pensé) le présent ! Les mots que je viens d’écrire ont déjà sombré dans le passé ! Seul ton regard, lecteur, peut les faire revivre et s’inscrire dans le présent.
Sablier, clepsydre, horloge, grain de sable ou tic tac régulier, le temps perçu comme un ennemi, Chronos dévorant ses enfants, semble s’écouler, de façon linéaire et inéluctablement, si nous adoptons un point de vue scientifique.

Lorsque l’on cherche la définition du présent dans un dictionnaire et je citerai, en l’occurrence, le Littré et le Robert, le présent se définit par opposition au passé et au futur, comme :
S. m. Ce qui est actuel.
Plutôt vague…
Indivisible, le présent est une durée, celle qui sépare le deuxième grain de sable en train de tomber, du premier déjà tombé.

Deux philosophes avaient déjà capté mon attention :
Bergson, qui a beaucoup écrit sur le sujet et dont j’ai retenu ces phrases :
« Seul le moi éprouve le temps dont l’essence est la durée. »
« Sans doute, il y a un présent idéal, purement conçu, limite indivisible qui séparerait le passé de l’avenir »

Pascal qui considère que « Le présent est le seul temps qui est véritablement à nous »

Ce présent, que tant de poètes, en particulier les Romantiques, ont voulu immortaliser, étirer à l’envi (l’on songe bien sûr à Lamartine) n’est-il pas aussi l’instant où notre être, tous les pores ouverts, se laisse pénétrer par l’événement, heureux ou malheureux, cette durée où il n’est qu’émotion ?

N’est-il pas dans tout acte de création de l’homme depuis le début de son évolution ? Et dans l’oeuvre de l’artiste, qui est atemporelle ? Car l’homme dispose, sans doute sans en avoir pleinement conscience, de ce moyen pour contrarier l’ogre impitoyable.

À méditer

 

 

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