Le Parfum

carte symbole alchimique

Transformer l’univers en un vaste athanor
Soufre, mercure et sel sous la flamme vermeille
Réduire en poudre les chaînes, la haine et l’or
Pénétrer le puits noir où le mage sommeille

Fermer les yeux dans les bras de la terre mère
Mordre aux fruits défendus et répandre leur jus
Des lèvres goûter, tel l’amant se désaltère
La langue sillonnant le corps aimé et nu

S’enivrer du contact des bois et de la source
Attiser le désir à son point culminant
Sentir, sous ses dents, le temps battu dans sa course
Les paumes sur la chair et le pouls lancinant

S’abandonner, comme le rivage tremblant
Sous le flux régulier des vagues qui le lèchent,
S’imbibe peu à peu, humide et accueillant.
Que l’oeuvre au rouge soit d’amour et de ses flèches.

En écrivant ce texte m’est venu à l’esprit le roman de Patrick Süskind Le Parfum, d’où le titre. Je me disais que si l’on pouvait trouver un parfum qui transforme tous les sentiments humains de haine, de colère, de vengeance en amour, le monde serait idéal…

Chacun est magicien…

 

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Métamorphose

La lune ruisselle sur le feuillage vert et dense,

Sous ma robe tigrée, mes muscles ondulent et dansent,

J’arpente mon territoire. Délicate fragrance :

Près du point d’eau, un porc-épic enivre mon appétence.

La terre, chauffée par le soleil, exhale la forêt,

Je dresse mes oreilles, courbe la tête, papilles aux aguets :

Deux bonds, la bête oscille, se débat, le col défait.

Blessure au flanc gauche, chair tendre à souhait…

Respect de la proie tombée dans la joute :

Je suce jusqu’aux os l’offrande : je suis absoute.

Puis poursuis mon cheminement, seule, sous la voûte,

La faim qui tenaillait mon ventre s’est dissoute.

Soudain, mes narines s’emplissent d’un mâle parfum.

Feulement de reconnaissance, il surgit d’un recoin.

Regard mordoré plonge dans mes yeux jaunes, abyssins,

Attente d’un assentiment, approche du félin.

Langue douce lèche ma plaie superficielle,

Goût du sang, effluves sensoriels.

Jeux impatients, intime cérémoniel,

Toilettage parfait, quelques gouttes de ciel.

Les étoiles dérivent à vive allure,

Mon odorat s’amenuise, fêlure

Mon regard quitte l’horizon obscur,

Je me dresse sur mes pieds, nue dans ma cambrure,

De mon pelage ne reste qu’un triangle noir, une griffure.

Dans mes veines, une vigueur nouvelle et pure :

Je secoue mes cheveux de femme.

Ainsi que je l’avais annoncé dans « Au Lecteur », je présente et dévoile celle qui
marche avec moi, me tance et me ramène au sein de la terre…
Rassure-toi, je n’ai pas ses appétits et pleure à la vue d’un animal qu’on tue ! mais elle m’insuffle son énergie vitale et m’ouvre souvent les yeux.

Je me sens engagée dans la lutte pour le respect des droits des animaux, et en profite pour demander à mes semblables, du sexe féminin, de cesser de contribuer au commerce de la fourrure !

 

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