Le ciel rugit
Les nuages éventrés crèvent
Ventre tiré, un tambour résonne
Les cordages crissent
Un mât dérape et frappe
Les dieux sont sourds
Des débris de bois valsent
Sur la mer, couleur terre
Bourrasque divague
Cris en rafales
Des hommes sans amarre
Giboulées d’horreur
Les rouleaux avalent leurs proies
Clandestins aux abois
Coulent
Faux pays de Cocagne
Vingt mille lieues sous les mers
L’espérance est amère
Le silence hurle sa détresse
Charybde, Scylla
Ultime adresse
Frontières de l’indifférence
Né ici ou là
Au revers de la chance.
Je dédie ces vers à tous ceux, quels que soient leur nationalité, leur âge ou leur sexe, qui fuyant la misère ou la tyrannie ou bien souvent les deux, sur des embarcations payées au prix fort, ne finissent pas le voyage et trouvent la mort.
Je pense aussi à leur famille, restée au pays et à leur souffrance…
Et si vous ne connaissez pas le livre de Laurent Gaudé Eldorado, je vous suggère de le lire : concis, sobre, il donne une approche personnelle de ces naufragés de la vie, de la société, de l’humanité.