Cent mots pour te penser

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En vrac
Où trouver les mots ?
Ceux qui désarment la naissance du cou
Qui attaquent quand tu vacilles à genoux
Qui désertent nos bouches embrassées
Et étreignent cent cibles en un baiser
La langue est volupté
La langue est parole
Les paroles s’affûtent au fil de l’épée
Les mots sont cavaliers
Ou fantassins blottis entre mes seins

Où trouver les mots ?
En vrac
Sur les doigts du vieux piano
À l’ombre de nos mains à la pulpe fragile
Dans la fragrance de nos peaux qui brasillent
Les mots sont transparence, munitions à outrance
La langue est langage
La langue est mots
Les mots sont couchés, blessés
Sur le champ de bataille
Pas un mot qui ne taille

Où trouver les mots ?
En vrac
Dans l’or échevelé de la lune
Dans la nuit qui s’obstine et le jour qui espère
Dans les lèvres unies et les corps confondus
Dans un ciel qui s’épuise en des destins contraires
La langue est caresse
La langue est papilles
Les papilles ont ravi une étoile filante
Les mots défient l’immensité silencieux

Et me voilà sans mot pour te penser

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Je saisis dans le feu…

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La cheminée dorant mes cheveux dénoués
Laisse mon dos presser ton torse chaleureux
Ta bouche sur mon cou, et tes mots enroués
Font palpiter mon cœur d’un élan amoureux

L’ombre de ta main en conque sur mon sein rose
Frôle de son babil un téton trop rebelle
Ma croupe s’anime et semble chercher sa pose
Aux dessins des faisceaux sur mon buste en dentelle

Chaque grain est repeint jusqu’à l’incandescence
L’artiste de ses doigts inspirés par la source
Dans un chenal étroit où naquit l’existence
Imprègne tous ses sens et la tiédeur est douce…

Ouverte à la langueur, je saisis dans le feu
Le reflet de tes yeux qui me met au tapis
Une langue en pinceau, tant ferme que soyeux,
Tourmente tous les plis et fait monter le cri…

 

Que dire sur ce texte sinon que je n’ai plus de cheminée ! Le feu de cheminée exerce sur moi une fascination apaisante et sensuelle.

Le titre initial était « Sise devant la cheminée » Cf explications sur le poème publié précédemment La vieille  ; j’ai remanié ce poème, ce qui n’est pas toujours simple si l’on veut conserver le ressenti, aussi dirais-je comme Baudelaire dans Le Balcon :

« Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses »

Tu remarqueras, cher Lecteur, qu’il est en alexandrins et que les deux quatrains en rimes féminines sont enclos par deux quatrains en rimes masculines, à toi de rapprocher ce choix de forme, du fond.

 

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L’Amoureuse (non ce n’est pas d’Éluard)

Joyeuse, pensive, prolixe ou silencieuse

Tout mon être tressaille, éperdu d’émotions,

Passant des larmes au fruit amer de la passion.

De l’impatience violente

À l’attente choisie ;

Du réel au rêvé, du lever au coucher,

De la Foi aux affres du doute,

Des caprices de l’esprit

Aux désirs de la chair…

Noyée dans un ciel mou,

Sous la paume d’une main,

À l’ourlet d’une bouche :

Je ris, je pleure, j’ai envie et j’ai mal…

J’ai tenté d’exprimer dans ce poème, la pluralité paradoxale des émotions qui nous agitent quand on est amoureux…

Cet état où l’on se sent pousser des ailes tout en se sentant gauche, où l’on se repasse le film des rencontres inlassablement mais où on peut également faire des bêtises à s’en mordre les dix doigts.

Cet état intensément sublime et vivant lorsqu’il est partagé, qui peut tracer le chemin de l’amour ou s’éteindre comme un feu de bois vif, devenu cendres…

J’avais écrit trois de ces vers il y a quelques années puis abandonné l’idée d’un texte…

 

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Déshabille mon coeur

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Aime-moi sans pudeur, déshabille mon cœur.
Sur un lit de fortune ou un quartier de Lune
Love-toi sur ma dune ô mon Soleil nocturne,
Mon astre dévoyeur aux accents purs d’un choeur

Aux confins de la nuit, deviens mon insomnie.
Le temps s’est arrêté dès nos premiers baisers,
Nos âmes envoûtées sont enfin accordées,
Et le lit de nos vies est un puits d’ambroisie.

La chaleur de tes mains enveloppe mes seins
Le présent est l’instant, qui, dans notre être, vibre.
L’étoile du ponant scintille à nouveau, libre
La flamme dans tes yeux est l’aveu d’un dessein.

Ta langue murmure des délices, complice,
Tendre mélopée à mes lèvres emperlées,
Les coussins, dépités, se sont tous écartés :
À nos pieds, l’un, jaloux, se glisse dans la lice…

 

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