Juin à contre -jour

Le ciel s’est dévêtu, il s’exhibe bleu nu
La nuit encore une fois a perdu son empire
Et le jour la poursuit dans son antre ténu,
D’un amour sans issu. Et la lune soupire…

Sur son trône aux couleurs, Junon fait la roue.
Tandis que Cupidon, joufflu et maladroit,
Savoure quelques traits que le destin dénoue,
Phébus, l’astre vainqueur, s’est juché sur un toit !

La rose au corps fané contemple les bourgeons
Elle était reine hier, aujourd’hui elle pleure.
Le cœur devenu gris d’un coup de badigeon
Elle courbe le col sous la faux qui l’effleure.

Le tilleul engourdi s’étire en gouttes d’ombre…
Sur les yeux alanguis à l’abri d’un recueil,
L’été comme un amant que le désir encombre
Avale un thé glacé et attend sur le seuil.

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Demain, ou bien un autre jour…

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Demain je t’écrirai, ou bien un autre jour
Sur le chemin criblé, à la lueur du jour
Et je prendrai ta main.
Je mêlerai mes pas à ceux qui se souviennent
J’accorderai mes mots aux couleurs bohémiennes
Sous un soleil cubain

Demain je t’écrirai, ou bien peut-être pas
Je te dessinerai à l’aide d’ un compas
Et danserai pour toi
Je baiserai tes yeux pour partager ton rêve
Le regard vers les cieux, allongée sur la grève
Ma pensée sera loi

Demain c’était hier, ou bien un autre jour
Ma plume a déserté ton jardin et ta cour
La lune me tutoie
Sur le chemin criblé, c’est l’aube qui ruisselle
L’espoir est un enfant qui porte une étincelle
Dans l’ombre qui louvoie.

 

 

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Sur le tableau blanc, mes mots verts

Depuis combien de temps sommes-nous face à face, 
Voyageurs réunis au sein d’un même espace ?
Pour cultiver la fleur qui tremble sur sa tige,
Chaque rentrée est un vol de haute voltige !

Derrière vos écrans d’ ipad, d’ ordinateurs,
Se cachent des terreurs nichées dedans vos cœurs
D’adolescents. À vos mains tendues vers la lune,
Offrir la lettre qui déjouera l’infortune…

Quand sur le tableau blanc vos rêves s’inquiètent
Et que dans vos écrits, mes mots verts se reflètent
Dans vos yeux grand ouverts, je vois tous mes enfants
Mélange de couleurs, vous êtes noirs et blancs…

Neuf mois de gestation, de défis, de confiance
De la provocation à vos murs de silence
De vos espoirs muets à votre démesure
L’amour qui nous unit est une note pure !

Je pense que pour enseigner, il faut avoir la vocation, comme on dit…
Chaque année, un contact s’établit avec une multitude d’élèves, que nous revoyons plus tard ou non…Contact fait de méfiance, de crainte, de provocation mais aussi d’une confiance absolue, touchante , d’espoirs, d’attentes et même de larmes d’adieu ou d’aveux des coeurs qui semblaient les plus durs !
Le savoir se transmet au sein d’un florilège d’émotions… Je rends hommage à tous ceux avec qui j’ai passé une année, parfois plus. Du collège à l’université, quand je sortais moi-même tout juste de l’adolescence.
Les jeunes sont l’avenir et j’aime leur rire et leur démesure, dans une société de plus en plus étriquée ! Ils sont la seule récompense de ce métier dont les conditions ne cessent de se dégrader et sur lequel on jette un voile pour se masquer la face !

 

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Libre Ronde…

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Vois,
La lune brûle comme un soleil
Ce soir. Les étoiles une à une chancellent
Et près de moi te rappellent 
Mercure mande son coq sonner le réveil
La lune brûle comme un soleil

C’est l’été qui revient dans ton cou voyageur
J’y respire la pêche et le péché
La pomme et ce ver oublié
D’Adam, tout à son bonheur
C’est l’été qui revient dans ton cou voyageur

Ensemble sur les chemins froissés
De feuilles à la nervure de nos mains
Bravant les champs du doute, demain
Nous marcherons les lèvres embrassées
Ensemble sur les chemins froissés

 

La vie est faite de départs, de retours, d’arrivées, concrètes ou symboliques…
Un poème comme une escale… Je n’ai mis que la ponctuation minimale, libre à toi,
Cher Lecteur, d’y mettre ta respiration.

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Haïkus de ciel et d’eau

millau 098

Sol sur la jetée
l’hirondelle bat des ailes
la terre soupire

Colère du ciel
la terre mouillée palpite
l’oiseau s’est caché

Terres silencieuses
l’onde lèche les rochers
dans la nuit un phare

Reflet de lumière
l’or dans un nuage noir
le veilleur de l’onde

Battu par les flots
l’écume du temps qui passe
vivant il raconte

Fraîcheur matinale
le coeur des roses est humide
sur leur tapis vert

Une larme glisse
le bonheur en gouttelettes
pétale de soie

Une trace d’eau
le visage dérobé
la lune gémit

La lune a pleuré
la chevelure défaite
sur sa courbe ronde

Une déchirure
fendu d’un rayon : le ciel
journée de lumière

L’or du soir au coeur
un murmure de pétales
vibrant sur leurs tiges

Râ éblouissant
l’été en frissons de peau
l’horizon sourit

Instinct de survie
la nature est fabuleuse
tous sens en éveil

J’ai regroupé une grande partie des haïkus écrits cet été, en réponse ou pas à des Twittos…
Il s’avère que le ciel inconstant et l’eau qui a arrosé généreusement juillet et août revenaient constamment dans les propos…

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Le chant de la vérité

scul-Bocca

Ô Poète, mon frère…

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
L’œil ouvert sur Caïn
Atteint de cécité
Voit des mirages.

Dans les bras des étoiles
Les lèvres chamarrées
J’ai dit des vérités
La vérité est-elle multicolore ?
Tandis que je parlais
Le rouge s’estompait, parfois le bleu, souvent le blanc.

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
La bouche gémissante aux mots pâquerettes
D’un doux baiser
Enflamme le soufre d’une allumette.

Amarrée aux étoiles
Pétales grisés ondulant sur leur tige
J’ai dit des vérités
La vérité est-elle un corps mouvant ?
Tandis que je dansais
La lune frémissait, parfois le soleil, souvent la terre.

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
La voix de l’Ange Rebelle*
D’une ténébreuse lumière
Résonne comme une cloche fêlée
D’un timbre strident et grave

Au fronton des étoiles, d’une génuflexion,
Dépouillée, j’affrontai le vertige
La vérité est-elle dans la pensée ?
Tandis que je lévitais
Le ciel s’est dérobé, parfois le temps.

Ô Poète
Toi qui cherches la vérité
La vérité est infinie
Quand tout ne serait que mensonge
Qu’importe ?!
La bouche, l’âme, le cœur et l’esprit
Au trouble de l’amour étreignent l’astre d’or.

*Lucifer, étymologie latine, porteur de lumière.

Ce texte est en quelque sorte une réponse au poème de Mandin « La chanson du mensonge » que vous pouvez lire à la page »Au lecteur » mais je vous invite à visiter son site où vous découvrirez d’autres écrits intéressants.

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Songe d’une nuit d’été

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Sur les toits, la lune, les ombres dansent
Les rêves veillent sur les endormis
Un haut clocher sonne la demi-nuit
De son grimoire alors elle s’élance

Elle déambule dans la ruelle
Les pavés révèlent tous leurs secrets
Une panthère l’oreille aux aguets
Une robe tigrée qui étincelle

Un feulement sous un porche sculpté
La ville est couleur d’or et d’écarlate
Un chat de noir vêtu lui tend la patte
Elle l’entraîne d’un pas chaloupé

Quelque humain dont l’esprit est envoûté
Jurera avoir vu par ciel de traîne
Chantonnant à la brune une rengaine,
Une étrange panthère, un chat ganté.

Je guettais la lune depuis plus d’une semaine afin de la photographier sur les toits…

 

 

 

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Ce soir, le Vent

Tu es venu à moi comme une lune pourpre
Chassé du firmament, tu cherchais un chemin
J’avais un œil fermé, je scrutais le destin
Tu as cueilli mes mots, dans la nuit, parfois âpre.

La poudre rouge sang semée sur ton passage
A fait trembler le temps et j’ai ouvert les yeux :
Une âme dans le noir, brillait de mille feux,
Un ange allait blessé, perdu dans mon sillage.

Exaltant les couleurs de ta plume puissante,
Abritant un jardin où la lumière croît,
Tu vas tel un enfant, tu es simplement toi
L’enfer sera vaincu par l’ étoile filante…

Ce soir le Vent s’est tu, au loin, il pantomime
Ce soir le Vent me parle, il écrit ses desseins
Ce soir le Vent sourit, il est herculéen
Ce soir le Vent compose, il sublime la rime.

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Madame de Tourvel

J’ai écrit ce poème après avoir lu, sur un site de poésie, un texte intitulé Valmont.
Comme j’ai toujours eu une tendresse pour le personnage de Madame de Tourvel,
en inadéquation avec son époque et cette cour que nous dépeint Choderlos de Laclos ,
dans les Liaisons dangereuses, j’ai fait cette réponse, en tentant de saisir les sentiments
de la Dame dans leurs contradictions.

images

Mon esprit se rebelle où mon coeur se consume
Rétif au libertin, offrande au repenti
A mille tourments, mon coeur est assujetti
Je vous implore, Dieu, de briser là ma plume

La lune purpurine, astre de déraison
M’affole, est-ce un défi ? Mon sang, d’amour est ivre
Mon corps est un glacier, brûlant, prêt à le suivre
Vicomte débauché requiert l’absolution.

Ma pudeur qui blêmit frôle le  vermillon
Son regard me soumet, je veux baiser sa bouche
Me laisser allonger tendrement sur sa couche
Valmont transfiguré aux feux de la passion.

Mes mains tremblent pourtant, mon front pâle s’anime
Je l’aime et ne saurai plus longtemps le celer 
Ignorer la missive ou bien capituler ?
Toute à lui je serai, cette nuit anonyme.

 

 

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