Esquisse d’un baiser

 

Furtif et léger
Aux néons de la ville insouciants
Comme la fleur du blanc cerisier
Dérobé aux passants

Sur des lèvres transies
Flocon impertinent
Caresse de l’esprit
Rêve évanescent

Furtif et léger
Juste un éclat de lune
Sur la pointe des pieds
Un mirage nocturne

Sur des lèvres transies
Esquisse à l’encre rose
Désir qui s’écrie
Une bouche qui ose

Furtif et léger
Feuille qui tourbillonne
Le vent l’a emporté
Il n’était pour personne

Sur des lèvres transies
Juste un éclat d’amour
Un fruit gorgé de vie
Envolé pour toujours

Voix : Michel Tissier

 

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Un champ de symboles

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Il pleut, l’été pâlit et ma plume est en peine
Les collines au loin coiffées d’un chapeau gris
Dérobent leurs couleurs et la cime d’un frêne
Il pleut.Tout simplement. Pourquoi cet air surpris ?

Dépouillés de tout sens, les mots dans le ruisseau,
Çà et là ballottés comme l’herbe mauvaise,
Refusant de couler, tentent dans un sursaut,
De se hausser, perclus, jusque sur la falaise :

Ne cherchez pas mon cœur, je l’ai bouté dehors
Je ne peux offrir que la cale d’un navire
Désormais vide ! Elle qui contint un trésor
Secret, a perdu l’or qui aurait pu séduire…

Mais ce murmure… Il me semble sentir, Poète,
Sur la nuque, un souffle qui m’effleure, léger,
Est-ce le zéphyr ou bien vos lèvres ? Vous êtes
L’inconnu à la cape, étrange et familier.

Deviser vous et moi, de la pluie, du beau temps,
Des humeurs et du pain ? Au feu de la lanterne,
La magie qui nous frôle est la fleur de printemps ;
D’un champ de symboles, l’invisible poterne.

Poème en alexandrins, hommage au poète et à la magie des mots, qu’il faut savoir parfois préserver…

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Le chant de la vérité

scul-Bocca

Ô Poète, mon frère…

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
L’œil ouvert sur Caïn
Atteint de cécité
Voit des mirages.

Dans les bras des étoiles
Les lèvres chamarrées
J’ai dit des vérités
La vérité est-elle multicolore ?
Tandis que je parlais
Le rouge s’estompait, parfois le bleu, souvent le blanc.

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
La bouche gémissante aux mots pâquerettes
D’un doux baiser
Enflamme le soufre d’une allumette.

Amarrée aux étoiles
Pétales grisés ondulant sur leur tige
J’ai dit des vérités
La vérité est-elle un corps mouvant ?
Tandis que je dansais
La lune frémissait, parfois le soleil, souvent la terre.

Ô Poète, doigt d’airain
Étrange justicier, baladin
La voix de l’Ange Rebelle*
D’une ténébreuse lumière
Résonne comme une cloche fêlée
D’un timbre strident et grave

Au fronton des étoiles, d’une génuflexion,
Dépouillée, j’affrontai le vertige
La vérité est-elle dans la pensée ?
Tandis que je lévitais
Le ciel s’est dérobé, parfois le temps.

Ô Poète
Toi qui cherches la vérité
La vérité est infinie
Quand tout ne serait que mensonge
Qu’importe ?!
La bouche, l’âme, le cœur et l’esprit
Au trouble de l’amour étreignent l’astre d’or.

*Lucifer, étymologie latine, porteur de lumière.

Ce texte est en quelque sorte une réponse au poème de Mandin « La chanson du mensonge » que vous pouvez lire à la page »Au lecteur » mais je vous invite à visiter son site où vous découvrirez d’autres écrits intéressants.

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Les sens d’une bulle

Il pleure des larmes d’or partout sur son corps…
Habillé de glaçons, il rêve d’être rivière
Dans son lit froid, où il dort encore, il espère
Verser son flot précieux aux rives d’un doux port.

Une main attentive à ne pas le brusquer
Une caresse enfin, sur sa peau qui ruisselle
La tentation soudain, d’un bouchon qui chancelle.
Un regard malicieux à le faire débarquer…

Déluge de bulles, pétille le bonheur !
Emoustillant les sens d’un babil enjôleur,
La main s’affirme et la lèvre, doucement, frôle

S’entrouvre, se pose, comme pour un baiser
Le réceptacle oblong, à la cime, cajole.
Pour que la flûte chante, il faut bien l’enlacer.

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