Cent mots pour te penser

DSCF2796

 

En vrac
Où trouver les mots ?
Ceux qui désarment la naissance du cou
Qui attaquent quand tu vacilles à genoux
Qui désertent nos bouches embrassées
Et étreignent cent cibles en un baiser
La langue est volupté
La langue est parole
Les paroles s’affûtent au fil de l’épée
Les mots sont cavaliers
Ou fantassins blottis entre mes seins

Où trouver les mots ?
En vrac
Sur les doigts du vieux piano
À l’ombre de nos mains à la pulpe fragile
Dans la fragrance de nos peaux qui brasillent
Les mots sont transparence, munitions à outrance
La langue est langage
La langue est mots
Les mots sont couchés, blessés
Sur le champ de bataille
Pas un mot qui ne taille

Où trouver les mots ?
En vrac
Dans l’or échevelé de la lune
Dans la nuit qui s’obstine et le jour qui espère
Dans les lèvres unies et les corps confondus
Dans un ciel qui s’épuise en des destins contraires
La langue est caresse
La langue est papilles
Les papilles ont ravi une étoile filante
Les mots défient l’immensité silencieux

Et me voilà sans mot pour te penser

6 commentaires.

Enroule-toi dans mes cheveux

Quand de sourdes clameurs portent le clairon,
Quand la terre ploie sous le bruit des canons,
Quand le vent dément déchaîne les Furies,
Quand le destin, veuf, sombre dans l’agonie,

Enroule-toi dans mes cheveux
Je pourrais si tu veux,
Te caresser les yeux.

Quand l’espoir est l’oeil d’un cyclone, hagard
Quand déferlent des hordes sous étendard,
Quand du champ de bataille, gronde l’effroi,
Quand les diktats frappent et bousculent les lois,

Enroule-toi dans mes cheveux
Je pourrais si tu veux,
Te caresser les yeux.

Quand l’hiver aux mains rudes semble infini,
Quand des oiseaux ne demeurent que les nids,
Quand le repos course l’heure du mourir,
Quand l’humain capitule sans coup férir,

Enroule-toi dans mes cheveux,
Je pourrais, si tu veux,
Te montrer d’autres cieux.

Il me semble que lorsque l’homme est confronté à la guerre ou à la prison, sa seule liberté, sa seule évasion, réside dans les mots. C’est sans prétention que j’en propose quelques uns, animée par le désir d’apporter un peu de réconfort ou de rêve à ceux qui en expriment le besoin. Et puis, parce que je les aime. Les mots peuvent nous faire changer d’univers, lorsque les frimas surgissent dans nos vies.
Je pense à Madiba mais aussi à Atahualpa Yupanqui et à ses vers extraits de « Preguntitas sobre dios »

Yo canto por los caminos,
y cuando estoy en prisión,
oigo las voces del pueblo
que cantan mejor que yo.

mais aussi à la chanson de Michel Berger « Diego »

Les mots, comme une chevelure qui entoure, réchauffe, élève ou enlève.

5 commentaires.