Je saisis dans le feu…

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La cheminée dorant mes cheveux dénoués
Laisse mon dos presser ton torse chaleureux
Ta bouche sur mon cou, et tes mots enroués
Font palpiter mon cœur d’un élan amoureux

L’ombre de ta main en conque sur mon sein rose
Frôle de son babil un téton trop rebelle
Ma croupe s’anime et semble chercher sa pose
Aux dessins des faisceaux sur mon buste en dentelle

Chaque grain est repeint jusqu’à l’incandescence
L’artiste de ses doigts inspirés par la source
Dans un chenal étroit où naquit l’existence
Imprègne tous ses sens et la tiédeur est douce…

Ouverte à la langueur, je saisis dans le feu
Le reflet de tes yeux qui me met au tapis
Une langue en pinceau, tant ferme que soyeux,
Tourmente tous les plis et fait monter le cri…

 

Que dire sur ce texte sinon que je n’ai plus de cheminée ! Le feu de cheminée exerce sur moi une fascination apaisante et sensuelle.

Le titre initial était « Sise devant la cheminée » Cf explications sur le poème publié précédemment La vieille  ; j’ai remanié ce poème, ce qui n’est pas toujours simple si l’on veut conserver le ressenti, aussi dirais-je comme Baudelaire dans Le Balcon :

« Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses »

Tu remarqueras, cher Lecteur, qu’il est en alexandrins et que les deux quatrains en rimes féminines sont enclos par deux quatrains en rimes masculines, à toi de rapprocher ce choix de forme, du fond.

 

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Le présent, temps idéal ?

À la naissance, le Temps nous enlace
Et qui aime la danse croit lui échapper
Mais la valse finale, de la vie nous délace
Et la faucheuse ne tarde à nous écharper.

« L’Homme avance vers la mort, la tête tournée vers le passé. »
Cette phrase m’est venue alors que je tentais de saisir( quelle prétention, ai-je d’abord pensé) le présent ! Les mots que je viens d’écrire ont déjà sombré dans le passé ! Seul ton regard, lecteur, peut les faire revivre et s’inscrire dans le présent.
Sablier, clepsydre, horloge, grain de sable ou tic tac régulier, le temps perçu comme un ennemi, Chronos dévorant ses enfants, semble s’écouler, de façon linéaire et inéluctablement, si nous adoptons un point de vue scientifique.

Lorsque l’on cherche la définition du présent dans un dictionnaire et je citerai, en l’occurrence, le Littré et le Robert, le présent se définit par opposition au passé et au futur, comme :
S. m. Ce qui est actuel.
Plutôt vague…
Indivisible, le présent est une durée, celle qui sépare le deuxième grain de sable en train de tomber, du premier déjà tombé.

Deux philosophes avaient déjà capté mon attention :
Bergson, qui a beaucoup écrit sur le sujet et dont j’ai retenu ces phrases :
« Seul le moi éprouve le temps dont l’essence est la durée. »
« Sans doute, il y a un présent idéal, purement conçu, limite indivisible qui séparerait le passé de l’avenir »

Pascal qui considère que « Le présent est le seul temps qui est véritablement à nous »

Ce présent, que tant de poètes, en particulier les Romantiques, ont voulu immortaliser, étirer à l’envi (l’on songe bien sûr à Lamartine) n’est-il pas aussi l’instant où notre être, tous les pores ouverts, se laisse pénétrer par l’événement, heureux ou malheureux, cette durée où il n’est qu’émotion ?

N’est-il pas dans tout acte de création de l’homme depuis le début de son évolution ? Et dans l’oeuvre de l’artiste, qui est atemporelle ? Car l’homme dispose, sans doute sans en avoir pleinement conscience, de ce moyen pour contrarier l’ogre impitoyable.

À méditer

 

 

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