Cher lecteur, je ne te propose pas ici un glossaire ni un traité de stylistique, mais simplement quelques explications sur les figures de style que j’emploie dans mes poésies. Puisées dans le vivier commun de notre patrimoine, elles fleurissent bien souvent les écrits des poètes.
L’acte d’écrire :
Lorsque l’on commet l’acte d’écrire, on est amené à faire des choix. S’il s’agit d’un roman, on s’interrogera sur le point de vue à adopter, le statut du narrateur et des personnages, entre autres. Le narrateur omniscient n’est plus de saison depuis Le Nouveau Roman qui après être parvenu à la négation du personnage, a abouti, par voie de conséquence, à l’impasse romanesque. La Jalousie de Robbe-Grillet, marque un tournant déterminant et je dirais même à la fois fatal et bénéfique, en ce qu’il est une fin et un renouveau. Le roman a rebondi depuis, enrichi des recherches effectuées par les auteurs appartenant à ce courant, qui avaient décidé de déstructurer le roman afin de le rendre plus proche du subconscient de l’homme.
Ainsi pourrions-nous mentionner les explorations du temps, l’abandon de la chronologie linéaire pour tenter de saisir le temps psychique où les notions de passé, de présent et de futur sont sublimées. Je citerai deux œuvres, mais elles sont nombreuses : L’emploi du temps de Michel Butor, La muerte de Artemio Cruz, de Carlos Fuentes.
Pourtant, je dirais, avec tout ce qu’il y a de plus subjectif, que l’interrogation sur les statuts de l’auteur, du narrateur et du lecteur commence avec Jacques Le Fataliste de Denis Diderot, que je considère comme un précurseur. Je vois déjà grimacer quelques personnes à la lecture de ces lignes, mais écrire est un acte que le « je » assume pleinement.
Si ce petit article t’intéresse, il te suffit de le dire et je pourrais envisager un développement sur le thème romanesque.
L’acte d’écrire de la poésie :
Me lancerais-je dans une définition de la poésie ? De la poésie lyrique à la poésie engagée, de la poésie en vers à la prose poétique ? Non, du moins par pour l’instant, car je m’éloignerais de mon sujet. Je te dirais simplement, cher lecteur, que la poésie me permet d’exprimer mes émotions et que, parfois, elle joue même le rôle de catharsis que d’aucuns prêtent plutôt au théâtre.
L’acte d’écrire : mise en valeur, révélateur
Vers libres, vers réguliers, formes fixes ou pas, la poésie est une composition musicale dont les mots, leurs sons et leurs images souvent connotées créent une harmonie qui exaltent l’oreille, le cœur, l’esprit et l’âme, pour ceux qui les différencient.
Le poète va donc choisir dans l’immense palette des mots, des sons, des images pour écrire son texte mais il va également choisir ses instruments techniques pour donner à sa palette une forme qui la mette en valeur, qui la révèle, qui la fasse résonner.
Aujourd’hui, je te parlerai de l’anaphore.
Définition du Littré :
« Figure de rhétorique. Répétition du même mot en tête des phrases ou de membres de phrase. »
Je l’utilise souvent, ainsi dans « Partout où … » mon dernier poème publié.
« Partout où le jour veille les fleurs
Partout où la mer joint l’horizon
Partout où nos pas font les saisons »
Cette redondance, choisie, a pour objectif de tenter de saisir l’immensité du monde qui nous entoure et de te permettre, cher lecteur, de comprendre et de ressentir, l’importance d’un sentiment que les mots, limités dans leur seule expression, ne permettent pas d’envisager. Ce « partout où… » est jeté comme un pont entre ce que l’on voit et ce qui se dérobe à la vue.
Figure d’insistance, il est là comme un refrain qui te conduit toujours plus loin…
Je l’ai employée également dans « Enroule-toi dans mes cheveux »
« Quand de sourdes clameurs portent le clairon,
Quand la terre ploie sous le bruit des canons,
Quand le vent dément déchaîne les Furies,
Quand le destin, veuf, sombre dans l’agonie, »
Dans ce poème-ci, l’anaphore « quand » insiste sur toutes les occurrences où la vie est bafouée, maltraitée. Elle met en valeur la présence inébranlable du « je » et traduit son sentiment indéfectible.
Je souhaite que la lecture de cet article ait suscité, cher lecteur, tout simplement ta curiosité et ton intérêt dans ton appréhension de l’acte d’écrire.
Et comme une fois n’est pas coutume, suite à la lecture d’un article sur l’emploi « du trait d’union » (oui, je sais, c’est un point d’orthographe !) pertinent et riche, j’ai eu l’idée d’écrire un article sur les origines de ce petit trait qu’il me plaît de nommer « relieur ». Le vénérable Chat Lettré Eschylle m’a fait l’honneur de le publier sur son blog, en complément du sien. Quoi ? Tu ne connais pas le Chat qui écrit du rêve ? Je t’invite alors à visiter son site sans plus tarder !
Profites-en pour lire nos deux articles :
Le trait d’union Eschylle
Historique d’un petit relieur Eleusis
et que cela devienne un :
Petit pont de lettres
trait d’union entre les hommes
une main tendue
entre nous, lecteur ami…
La prochaine fois je te parlerai de l’anadiplose, non ce n’est pas un animal préhistorique !