Sur le tableau blanc, mes mots verts

Depuis combien de temps sommes-nous face à face, 
Voyageurs réunis au sein d’un même espace ?
Pour cultiver la fleur qui tremble sur sa tige,
Chaque rentrée est un vol de haute voltige !

Derrière vos écrans d’ ipad, d’ ordinateurs,
Se cachent des terreurs nichées dedans vos cœurs
D’adolescents. À vos mains tendues vers la lune,
Offrir la lettre qui déjouera l’infortune…

Quand sur le tableau blanc vos rêves s’inquiètent
Et que dans vos écrits, mes mots verts se reflètent
Dans vos yeux grand ouverts, je vois tous mes enfants
Mélange de couleurs, vous êtes noirs et blancs…

Neuf mois de gestation, de défis, de confiance
De la provocation à vos murs de silence
De vos espoirs muets à votre démesure
L’amour qui nous unit est une note pure !

Je pense que pour enseigner, il faut avoir la vocation, comme on dit…
Chaque année, un contact s’établit avec une multitude d’élèves, que nous revoyons plus tard ou non…Contact fait de méfiance, de crainte, de provocation mais aussi d’une confiance absolue, touchante , d’espoirs, d’attentes et même de larmes d’adieu ou d’aveux des coeurs qui semblaient les plus durs !
Le savoir se transmet au sein d’un florilège d’émotions… Je rends hommage à tous ceux avec qui j’ai passé une année, parfois plus. Du collège à l’université, quand je sortais moi-même tout juste de l’adolescence.
Les jeunes sont l’avenir et j’aime leur rire et leur démesure, dans une société de plus en plus étriquée ! Ils sont la seule récompense de ce métier dont les conditions ne cessent de se dégrader et sur lequel on jette un voile pour se masquer la face !

 

4 réflexions au sujet de « Sur le tableau blanc, mes mots verts »

  1. Pour ma part, désamour mutuel avec le tableau blanc. Je ne sais plus trop comment cela a commencé…si je suis passé au travers pour l’avoir crevé ou s’il était bien trop blanc pour mon besoin de couleurs et peut être de gris…Toujours est-il que le tableau blanc m’a rejeté et s’il ne m’a pas complètement démoli il a considérablement entravé ma construction. Mille chemins maudits je lui dois et j’espère bien aujourd’hui qu’il est resté blanc parce que je reviendrai lui raconter mon histoire.
    Il a fallu un improbable atterrissage à l’université pour restituer son feu à un phénix éteint et pour redonner à ma vision un rééquilibrage en faveur des pourvoyeurs du savoir…
    Bon ça c’est une autre histoire et c’était pour me raconter un tantinet…
    Derrière tout cela, il me semble qu’il nous manque une dimension, un pan ontologique dans l’éducation. On demande à nos jeunes de définir un projet professionnel, de se projeter alors qu’ils ne se connaissent pas eux-mêmes et qu’aucun « sage » n’a un seul bon conseil à donner… Je crois qu’un maître pourrait faire son entrée, suivre le parcours de nos enfants et au bout du dit « parcours » lui expliquer : « mon cher petit, tu inclines pour ceci et cela, tes aspirations me paraissent s’épanouir par-ci, par-là, je crois que ceci cela serait très bon pour toi » mais je rêve là, il vaut mieux apprendre très très mal un programme avec des connaissances qui ne construisent personne, avalées pour une notation, et un même niveau pour tous car c’est bien connu tous sont semblables…
    Bon désolé le sujet me passionne, car j’en ai fait les frais.
    Mais je gage que si sur « mon tableau blanc » votre belle plume y avait avec vos espoirs, votre prosodie, je n’écrirais rien de tel aujourd’hui. J’aurais sans doute, avec mes yeux grands ouverts, bu toute la belle conviction et confiance dont vous faites montre. Et d’ici je suis plutôt heureux de trouver quelqu’un (e) d’idéaliste et qui à foi dans ce noble métier et son potentiel à faire croître de belles plantes.
    Pardon pour ma logorrhée, votre poème m’a fait un peu sur-réagir…veuillez l’effacer s’il pollue de quelque manière votre blog.
    Excusez-moi encore
    Bien à vous,

    Asteln

  2. C’est, au contraire, avec intérêt que je lis cette diatribe et le comble c’est que je partage l’analyse que vous faites !
    Loin d’être une élève modèle, ma mémoire et quelques professeurs m’ont « poussée ».
    J’ai une conscience aiguë des êtres humains qui sont en face de moi, voilà ce qui me captive… Quant au système, il nous faudrait du temps pour en débattre…
    Merci Asteln de vous exprimer, j’apprécie vos commentaires, vos images, votre plume comme j’apprécie le partage…

  3. De nos jours, pour qui embrasse la fonction d’enseignant, je vois cette personne comme commençant un sacerdoce.
    Je n’ai pas eu cette chance de poursuivre mes études, pour diverses raisons que je ne pouvais maîtriser en aucune manière, étant un enfant de la DDASS et pupille de la nation. Pourtant j’étais un bon élève, (dès que j’aie eu des lunettes pour mieux voir) et toujours bien classé.
    J’admire,sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi, ces gens qui offrent leur temps pour transmettre leur savoir et leurs valeurs.
    L’ignorance est la source de biens des maux et la connaissance l’ouverture à l’autre et à l’apaisement.
    Quand je sais que certains individus veulent empêcher les jeunes femmes, (voire les garçons aussi) d’aller à l’école, je suis plus que bouleversé par cet acte.

    Gente Eleusis, maintenant tu le sais, je t’admire pour ce que tu fais de ta vie.

    Gros bisous de

    Michel-Olivier…

    • Cher Michel-Olivier,
      Fidèle lecteur, tes mots m’émeuvent, d’abord pour ce que tu m’apprends de toi, ensuite pour ce que tu dis du métier.
      Ta plume a pris sa revanche et tes textes sont un jardin où fleurissent les roses et les ronces de la vie.
      Ton passage est toujours un honneur, merci !
      Toute mon amitié,
      Bisous

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