Étranger familier -2-

À l’ombre de mes cils, sur un nuage rose,
Monsieur, vous êtes là, comme un rêve imprécis.
Mes yeux ne vous voient pas, mais vous êtes ici,
Ici vous êtes bien, par mon anadiplose.

Mon cœur, lui, vous connaît et votre nom murmure
Et s’enflamme à vos mains, s’anime doucement
Etes-vous follet ou volition seulement ?
D’un parterre fleuri, une ancienne ramure ?

Des jambes, tout du long, au sommet de mon front
L’Hégoa me ravit d’un souffle forgeron.
Un voile évanescent en volutes me couvre.

Venez ! de vos baisers, je sens déjà l’ardeur
Une étrange moiteur lorsque ma bouche s’ouvre
Vous invite : venez ! étranger maraudeur.

À quelques uns qui aimeraient lever le mystère :
Je suis un oeil bienveillant, Cher Lecteur, et tout ce que tu écris est important...
Quant à mon pseudonyme, je te confierai prochainement les raisons de ce choix.

 

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Octobre sur l’antépénultième

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La terre de juillet sème en batifolant
Le blé chaud sur sa peau, la pêche en demi-ronde,
Juteuse, dont le suc inonde la rotonde.
Dans son sillon béant, un oeillet rouge et blanc.

Le corps est trémulant du sang d’août en son flanc.
Les joutes en son sein sont le sel qui féconde,
Essaime des enfants dans sa forme gironde.
Mystère du vivant, joué dans son élan.

Septembre rouge et or s’estompe, neuvième.
Un chant de baryton s’élève doucement
Dans l’ombre de l’été, comme un épanchement,

Octobre a expiré sur l’antépénultième.
Dans un râle navrant, l’automne a trépassé.
Va la fleur chavirant sous l’hiver cuirassé.

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La servante

Une servante dans un décor anodin.
Assise sur une scène en robe trémière,
Elle tend l’oreille, elle est jeune première
Jaillira-t-il soudain : côté cour ou jardin ?

Fébrile, d’une main dégrafe son bustier.
Sans être sous le grill, le coeur allumé, tremble
La minute qui croît, à un brasier ressemble
Son corps résonne dans son être tout entier.

Il arrivera dans un rire malicieux,
La démarche féline et le geste gracieux,
La chair contre la chair sera désir avide,

Cadence d’une rose et d’un jonc enlacés,
Infusion de saveurs, de parfums opiacés
Soubresauts d’un flacon dans une mer torride.

servante : lampe sur pied

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Dans la forêt des songes

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Pleure la licorne dans la forêt qui songe,
Les arbres se courbent devant sa majesté.
Ossian le fougueux, où est ta loyauté ?
Le feuillage touffu a la couleur d’oronge.

Le fer est foudroyé sur le champ de la gloire,
Au Royaume d’Arthur, les preux chevaliers,
Brandissent-ils toujours, fiers, leurs boucliers,
Juste pour un sourire et une belle histoire ?

Le chant des Immortels aux étoiles s’est tu,
Des ardentes amours, il chantait la vertu.
Des Sidhes, le rivage est une lune pâle…

Très loin de Camelot, Merlin s’est transporté…
Des mages du soupir gravent sur une dalle,
Pour ceux qui savent voir, un rêve encor chanté.

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Les sens d’une bulle

Il pleure des larmes d’or partout sur son corps…
Habillé de glaçons, il rêve d’être rivière
Dans son lit froid, où il dort encore, il espère
Verser son flot précieux aux rives d’un doux port.

Une main attentive à ne pas le brusquer
Une caresse enfin, sur sa peau qui ruisselle
La tentation soudain, d’un bouchon qui chancelle.
Un regard malicieux à le faire débarquer…

Déluge de bulles, pétille le bonheur !
Emoustillant les sens d’un babil enjôleur,
La main s’affirme et la lèvre, doucement, frôle

S’entrouvre, se pose, comme pour un baiser
Le réceptacle oblong, à la cime, cajole.
Pour que la flûte chante, il faut bien l’enlacer.

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Derrière le lycée

L’hiver était au sud, les mains sous ton blouson,
L’univers tout entier tenait dans ma semelle :
L’avenir au présent parle à l’âme jumelle.
La chaleur de nos corps était notre maison.

La lune dans mes yeux coiffait tes cheveux blonds,
Le monde était subtil comme un point de dentelle
Brune. Le coeur battant, comme fait l’hirondelle,
Tu cherchais le soleil, paumes sur mes seins ronds.

Au mur, chiffres, lettres, tracés à l’encre rose
Ton désir opprimé contre mon jean qui ose
S’exprimer. Dans mon cou, un “je t’aime” troublé.

Derrière le lycée, encor l’amour murmure,
Un autre garçon à une fille susurre,
Le printemps qui fleurit à l’est d’un champ de blé.

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