Toujours tu seras…

Tu sais la souffrance des jours de pluie
Tu sais la détresse et les rues dévastées
Tu sais la laideur des champs de bataille
Et la lutte des peuples opprimés
Paris qui gémit, Paris qui crie
Paris qui saigne
Paris, ces visages grimaçant sous leur masque de haine
qui braquent sur ta peau leurs noirs fusils d’assaut
Ces hommes déshumanisés qui n’ont que le blasphème
pour mémoire…et le tombeau
Tu les connais
Ils traversent les siècles, se couvrent de cagoules
Ils crachent le nom de Dieu comme ils crachent sur la vie
Et se vautrent dans la boue avant d’avoir péri

Mais tu es là
Tu es là et tes mots sont un phare qui rayonne
Tu as les yeux ouverts, tu ne te caches pas
Libre
À découvert car ton cœur bat
Ton cœur bat de ces millions de femmes, d’enfants et d’hommes
Qui t’aiment
Debout sous la mitraille, tu sais que tu ne céderas pas
Que cette page rouge comme une ride profonde
sur ton visage de proue
Éveillera les consciences dans les seins endormis
Paris, la nuit est longue mais des milliers d’étoiles
scintillent comme une prophétie :
Liberté, Égalité, Fraternité
Et pas une ne cille !

 

Je reprends la plume comme on pousse un cri et ces vers sont tombés en dix minutes alors, Lecteur, daigne excuser leur imperfection…

 

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Il pleut sur Varsovie…

Autre matin gris dans le ciel de Varsovie.
Le soleil a honte, il se cache. Les nuages
Parlent à sa place. Des averses de pluie,
Déferlent dru, sur le ghetto de Varsovie.

Les chiens se taisent. Plus un bruit dans Varsovie :
Rien que des hommes meurtris aux pas alourdis,
Au visage émacié, au regard ahuri.
La pluie ne mouille pas leurs silhouettes flétries,
Il pleut sur Varsovie.

La pluie ne lave pas leurs membres décharnés,
Elle ne fait que glisser, jusqu’au bout de leurs pieds.
Des ombres sans sourire gagnent leurs abris,
De tôle et de bois, de multiples débris.
Il pleut sur Varsovie.

Le sommeil s’est enfui du camp de Varsovie,
Rien que de la boue sur des corps ensevelis.
Les coeurs ne hurlent plus… Par-delà le souffrir,
Les âmes sont déportées. Ni Dieu, ni anges,
Ni même Lucifer, ne hantent cet enfer.

Il pleut sur Varsovie et nul ne s’en soucie.

Poème écrit et publié ailleurs il y a quatre ans maintenant… Publié sur mon blog dès sa création, il y a un an, je n’avais pas activé le lien qui me permet de twitter mes textes.

 

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Hommage, Bella Ciao…

Toi l’étranger mystère
Ta voix vient des éthers
L’ébène a ton front discret
Le violon pleure en secret
Ton destin
Clandestin !
Était-ce une déroute
Une lettre de cachet en août
Le sceau d’un tyran
Un glaive foudroyant ?

L’exil ou vivre sans parler,
Des mots, des mots pour exister
Des mots rouges, des mots sang
Des mots pour tous les partisans.
La liberté !
L’éternité !
Sur les sentiers de feu
En cendres, les noms de ceux
Tombés en conscience
Au cœur, la vaillance.

Les dictatures ici ou là
Déciment sans combat
Des corps anonymes
Ne sont pas des victimes !
Terrifiés
Humiliés
Combien prennent la fuite
Dans un dédale sans suite
De soif, de mort et de faim ?

Grand-père, je porte en moi la fin !

 

Ce texte est dédié à tous les Italiens qui refusèrent de se soumettre
à la dictature de Benito Mussolini, et à mon grand-père en particulier.
Par extrapolation, je pense à tous ceux qui subissent toute forme de dictature.
Oser simplement parler, c’est mettre sa vie en danger parfois.
Tous les jours des femmes et des hommes meurent pour leurs idées…

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Les trois soeurs…

Quelle est celle des trois qui naquit la première ?
Leur lange de couleur brodé par mille mains
Ferventes, les reçut sans aucune prière
Leur regard lumineux ouvrant d’autres chemins

Le peuple stupéfait le regardait briller
Mais nées les yeux ouverts, leur corps, lui, restait frêle
D’une révolution qui manqua de ciller
Dans l’histoire souvent, marquée de coups de grêle

De son berceau natal la liberté alla
Briser les bracelets mutilants de l’ esclave
Et sur les dos zébrés, la lune se voila
Du rouge taffetas d’un peuple qui se lève

Le visage serein de la deuxième sœur
Accordait à chacun une même espérance
Mais souffrant d’un pied bot excitait la rancoeur
De maîtres corroyeurs avides de puissance

La plus humble des trois, emplie de compassion
L’amour à son drapeau, ne connaît de frontière
Elle élève toujours, elle est l’annonciation
L’union et l’avenir. Elle est l’hospitalière…

Elle répond au nom, commun : fraternité

Je n’ai pas pour objet, dans cette rubrique consacrée à la poésie, d’ouvrir un débat, mais je ne peux m’abstenir d’inscrire quelques mots !

Cette volonté d’écrire sur la devise républicaine du peuple français hantait mon esprit depuis longtemps. Mais les idées restaient dans les limbes. Puis ce sont des vers entiers, je dirais même le premier quatrain qui se présenta à moi, je compris que je pouvais commencer à exprimer ce qui me tenait à coeur.

La liberté est bridée par le contrôle toujours plus grand du pouvoir sur l’individu, l’égalité reste une valeur partagée par quelques uns, mais il serait intéressant de s’interroger sur la réalité qu’elle revêt aujourd’hui. De plus, il y a une tendance à confondre « égalité » et « uniformité » …

La fraternité, il est dans le pouvoir de chacun de regarder l’autre, c’est en elle, à mes yeux que réside tout progrès de l’humanité.

 

 

 

 

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Au large de Lampedusa

Le ciel rugit
Les nuages éventrés crèvent
Ventre tiré, un tambour résonne
Les cordages crissent
Un mât dérape et frappe
Les dieux sont sourds

Des débris de bois valsent
Sur la mer, couleur terre
Bourrasque divague
Cris en rafales
Des hommes sans amarre
Giboulées d’horreur

Les rouleaux avalent leurs proies
Clandestins aux abois
Coulent
Faux pays de Cocagne
Vingt mille lieues sous les mers
L’espérance est amère

Le silence hurle sa détresse
Charybde, Scylla
Ultime adresse
Frontières de l’indifférence
Né ici ou là
Au revers de la chance.

Je dédie ces vers à tous ceux, quels que soient leur nationalité, leur âge ou leur sexe, qui fuyant la misère ou la tyrannie ou bien souvent les deux, sur des embarcations payées au prix fort, ne finissent pas le voyage et trouvent la mort.
Je pense aussi à leur famille, restée au pays et à leur souffrance…
Et si vous ne connaissez pas le livre de Laurent Gaudé Eldorado, je vous suggère de le lire : concis, sobre, il donne une approche personnelle de ces naufragés de la vie, de la société, de l’humanité.

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J’accuse,

J’accuse

Les hommes d’hier et d’aujourd’hui et les cite à comparaître
Moi, le pâle embryon de votre futur à naître
Pour m’avoir arraché, sans sevrage, à la Terre- Mère

Pour avoir 

Perforé ses poumons, à coups de haches et de machines,
Dévoré sa forêt, ne laissant que moignons
Brisé, au-dessus des pôles, sa fragile protection

Pour avoir

Tari les océans, pillé les innombrables richesses
Chassé avec excès, sans respect des espèces
Déversé immondices et déchets, méprisé ses largesses

Pour avoir

Miné sol et sous sol, bombes sous vos pieds,
Libéré sans limite vos instincts meurtriers

Pauvre faune humaine, dite civilisée…

Vous avez commis l’irréparable, l’ impardonnable, l’ineffable génocide !
ASSEZ ! Quel plaidoyer pourrait défendre vos âmes cupides ?

J’étais votre avenir, vous m’avez condamné
Et vous vous êtes condamnés…

J’ai choisi le titre de ce poème en pensant, bien entendu, au célèbre plaidoyer de Zola en faveur de Dreyfus mais aussi à la phrase prophétique « la vérité est en marche, rien ne l’arrêtera » scandée par les Dreyfusards.
J’ose espérer que dans le cas de cette terre, qui est notre seule maison à tous et que nous avons le devoir de sauvegarder pour les générations futures, la vérité sera celle de la conscience !

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Trafiquants d’âmes

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Drapés du droit des nations, vous frappez
Et du sang versé à flots sur les pavés
Vous êtes depuis toujours acquittés !!

Partout où l’on se bat ; tapis, vous êtes là,
Portant le désespoir sous vos masques de joie,
Peignant, à chaque instant, de nouveaux Guernica.

Trafiquants d’âmes souterrains, hypocrites
Assassins, chaque pièce tombée entre vos mains
Voraces, sonne le glas d’un frère humain !!

Essaims de monstres cupides qui dînez
À la table des puissants. La mort à vos côtés
Danse la sarabande, la faux bien affûtée…

Le jour viendra pourtant où la douce Colombe,
Lasse de voler en vain, étendra ses ailes blondes,
Et posera sur vos lèvres avides, un goût de poudre !

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