Masque d’avril !

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Mai, masque d’avril,
Averse de larmes en roses bleues
Mai railleur, sur ton nuage ventru
Mai qui aime et qui pleut
Mai rageur au-dessus des nids
Dans ta camisole de gris
Tu effeuilles la marguerite
Et tresses le chiendent !

Tu tangues, comme le navire,
Baisant le cou, marbrant le sein,
Des embrassements de printemps
Aux ruptures hivernales
De la brise du sud à l’aquilon
Du mot susurré au rugissement de lion
Sur ma peau nue,
Masque d’avril,

Tes bourrasques sont infernales !

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Cent mots pour te penser

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En vrac
Où trouver les mots ?
Ceux qui désarment la naissance du cou
Qui attaquent quand tu vacilles à genoux
Qui désertent nos bouches embrassées
Et étreignent cent cibles en un baiser
La langue est volupté
La langue est parole
Les paroles s’affûtent au fil de l’épée
Les mots sont cavaliers
Ou fantassins blottis entre mes seins

Où trouver les mots ?
En vrac
Sur les doigts du vieux piano
À l’ombre de nos mains à la pulpe fragile
Dans la fragrance de nos peaux qui brasillent
Les mots sont transparence, munitions à outrance
La langue est langage
La langue est mots
Les mots sont couchés, blessés
Sur le champ de bataille
Pas un mot qui ne taille

Où trouver les mots ?
En vrac
Dans l’or échevelé de la lune
Dans la nuit qui s’obstine et le jour qui espère
Dans les lèvres unies et les corps confondus
Dans un ciel qui s’épuise en des destins contraires
La langue est caresse
La langue est papilles
Les papilles ont ravi une étoile filante
Les mots défient l’immensité silencieux

Et me voilà sans mot pour te penser

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Toujours tu seras…

Tu sais la souffrance des jours de pluie
Tu sais la détresse et les rues dévastées
Tu sais la laideur des champs de bataille
Et la lutte des peuples opprimés
Paris qui gémit, Paris qui crie
Paris qui saigne
Paris, ces visages grimaçant sous leur masque de haine
qui braquent sur ta peau leurs noirs fusils d’assaut
Ces hommes déshumanisés qui n’ont que le blasphème
pour mémoire…et le tombeau
Tu les connais
Ils traversent les siècles, se couvrent de cagoules
Ils crachent le nom de Dieu comme ils crachent sur la vie
Et se vautrent dans la boue avant d’avoir péri

Mais tu es là
Tu es là et tes mots sont un phare qui rayonne
Tu as les yeux ouverts, tu ne te caches pas
Libre
À découvert car ton cœur bat
Ton cœur bat de ces millions de femmes, d’enfants et d’hommes
Qui t’aiment
Debout sous la mitraille, tu sais que tu ne céderas pas
Que cette page rouge comme une ride profonde
sur ton visage de proue
Éveillera les consciences dans les seins endormis
Paris, la nuit est longue mais des milliers d’étoiles
scintillent comme une prophétie :
Liberté, Égalité, Fraternité
Et pas une ne cille !

 

Je reprends la plume comme on pousse un cri et ces vers sont tombés en dix minutes alors, Lecteur, daigne excuser leur imperfection…

 

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Juin à contre -jour

Le ciel s’est dévêtu, il s’exhibe bleu nu
La nuit encore une fois a perdu son empire
Et le jour la poursuit dans son antre ténu,
D’un amour sans issu. Et la lune soupire…

Sur son trône aux couleurs, Junon fait la roue.
Tandis que Cupidon, joufflu et maladroit,
Savoure quelques traits que le destin dénoue,
Phébus, l’astre vainqueur, s’est juché sur un toit !

La rose au corps fané contemple les bourgeons
Elle était reine hier, aujourd’hui elle pleure.
Le cœur devenu gris d’un coup de badigeon
Elle courbe le col sous la faux qui l’effleure.

Le tilleul engourdi s’étire en gouttes d’ombre…
Sur les yeux alanguis à l’abri d’un recueil,
L’été comme un amant que le désir encombre
Avale un thé glacé et attend sur le seuil.

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Premier rivage…

Mère, premier rivage au sable tiède
Val nourricier où expire, apaisé, le premier cri
Terre d’asile où baigne la lumière
Sur le front blanc de l’enfant immaculée
Ta boussole ne connaît qu’un seul point cardinal : l’amour
Ta main est le chêne tutélaire qui jamais ne vacille

Telle un phare bienveillant
Arrimé à l’oeil des navires qui viennent et vont
Tu lâches prise au vent mais jaillis dans la tempête
Et sur ton sein flétri par les veillées et l’ombre
Les écueils ont la saveur aigre douce du limon
Tes bras abritent un port où le temps n’a plus cours

Première larme
Premier baiser
Premier berceau
Premier sourire
Première parole

Tu es la mémoire vive de ce que je fus, avant de paraître
Le miroir où mon reflet est toujours beau
Où chaque bosse, chaque loupé, chaque colère
Se dissout dans la tendresse
Et dans ton cou de femme plurale, ma mère,
C’est ton odeur bonheur que je respire.

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Petit, il revient toujours…

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Même si le ruisseau est tari
Qu’il ne fredonne plus et qu’il meurt aux vasques des fontaines
Que des mots qui te défont, épars, ne restent que les phonèmes
Vois !
Il revient toujours
Il n’est de château dormant plus de cent ans
Les chatons dorés du noisetier
Les iris mauves et les samares de papier le clament au vent.

Même si l’azur éternue dans la brume
Que le soleil pâle affronte la lune noire
Que le pinceau ne dilue que les bleus de Renoir
Vois !
Il revient toujours
La forêt revêt ses dégradés de vert
L’or vif des genêts et des jonquilles brasille
Il n’est d’anges rubiconds sans Léviathan

Même si les abeilles ne te confient plus le secret de leur miel
Que la lyre d’Orphée a les accords d’une vielle
Écoute !
Il revient toujours
Les gazouillis étreignent l’aube dans un prélude à l’amour
La pomme de pin chiffonne l’air, comme une toupie
Les trilles du philomèle caressent les cœurs en peine
Il n’est d’univers merveilleux sans sorcière

Même si les étoiles timides se cachent dans leur mouchoir
Que les astres sans couleur refluent dans ton miroir
Écoute !
La Grande Ourse fait sonner ses crécelles
La vie gonfle tes veines de ses futurs espoirs
Petit, le printemps revient toujours
La femelle du coucou gris chante ses ardeurs
Et le ruisseau, à la source de tes larmes, reprend sa trajectoire…

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Éclats de nuit

Éclats de brume à la nuit foudroyante
L’empereur des pins enrubanné d’hermine
Salue de son hauban la cour des moussus
Ô village de pierre sur la montagne ailée
La lézarde du guet arraisonne en secret
Le vol noir des amants.

Le silence grinçant des pas de l’escalier
À la porte fendue se perd sur les corps ocre
La tour échevelée s’est rendue dans un souffle
Valse langoureuse en duel des monts nord
Le vent s’est esclaffé accroché à la nuit
Il est couché à plat fatigué du sabbat

Éclats de brume à la nuit foudroyante
Empreintes de dunes sur la poudre neigeuse
Tutoiement des étoiles sur les pics du vertige
Enlacement du plein au bord du précipice
Étreinte d’acier consumée à feu blanc
Insomniaque, l’aurore se défend.

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À l’ouest fatigué…

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La mer a replié son immense éventail
Dans le sable, incrusté, un petit coquillage
Ses lamelles en rang autour du gouvernail
Broderies de papier, écument son corsage

Vestiges : ses écrits, la bruine de son sein
Quelques morceaux de bois ou quelque algue jaunie
Des sédiments marins, un hermite malin
Les voiles à l’abri, l’heure est à l’accalmie.

Vêtus de chauds manteaux, quelques enfants s’ébrouent
Le soleil dans leurs yeux azurent le ciel brun
Quand à l’ouest fatigué, les rayons blancs s’échouent
Ils bravent l’avenir en se tenant la main.

La mer a replié son immense éventail
Enfouissant son secret, les lettres qui l’émaillent
Les sept Sages chinois sont peints sur le fermail
Mais à l’ouest fatigué, les rayons blancs s’écaillent.

 

 

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Il pleut sur Varsovie…

Autre matin gris dans le ciel de Varsovie.
Le soleil a honte, il se cache. Les nuages
Parlent à sa place. Des averses de pluie,
Déferlent dru, sur le ghetto de Varsovie.

Les chiens se taisent. Plus un bruit dans Varsovie :
Rien que des hommes meurtris aux pas alourdis,
Au visage émacié, au regard ahuri.
La pluie ne mouille pas leurs silhouettes flétries,
Il pleut sur Varsovie.

La pluie ne lave pas leurs membres décharnés,
Elle ne fait que glisser, jusqu’au bout de leurs pieds.
Des ombres sans sourire gagnent leurs abris,
De tôle et de bois, de multiples débris.
Il pleut sur Varsovie.

Le sommeil s’est enfui du camp de Varsovie,
Rien que de la boue sur des corps ensevelis.
Les coeurs ne hurlent plus… Par-delà le souffrir,
Les âmes sont déportées. Ni Dieu, ni anges,
Ni même Lucifer, ne hantent cet enfer.

Il pleut sur Varsovie et nul ne s’en soucie.

Poème écrit et publié ailleurs il y a quatre ans maintenant… Publié sur mon blog dès sa création, il y a un an, je n’avais pas activé le lien qui me permet de twitter mes textes.

 

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Demain, ou bien un autre jour…

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Demain je t’écrirai, ou bien un autre jour
Sur le chemin criblé, à la lueur du jour
Et je prendrai ta main.
Je mêlerai mes pas à ceux qui se souviennent
J’accorderai mes mots aux couleurs bohémiennes
Sous un soleil cubain

Demain je t’écrirai, ou bien peut-être pas
Je te dessinerai à l’aide d’ un compas
Et danserai pour toi
Je baiserai tes yeux pour partager ton rêve
Le regard vers les cieux, allongée sur la grève
Ma pensée sera loi

Demain c’était hier, ou bien un autre jour
Ma plume a déserté ton jardin et ta cour
La lune me tutoie
Sur le chemin criblé, c’est l’aube qui ruisselle
L’espoir est un enfant qui porte une étincelle
Dans l’ombre qui louvoie.

 

 

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