Juin à contre -jour

Le ciel s’est dévêtu, il s’exhibe bleu nu
La nuit encore une fois a perdu son empire
Et le jour la poursuit dans son antre ténu,
D’un amour sans issu. Et la lune soupire…

Sur son trône aux couleurs, Junon fait la roue.
Tandis que Cupidon, joufflu et maladroit,
Savoure quelques traits que le destin dénoue,
Phébus, l’astre vainqueur, s’est juché sur un toit !

La rose au corps fané contemple les bourgeons
Elle était reine hier, aujourd’hui elle pleure.
Le cœur devenu gris d’un coup de badigeon
Elle courbe le col sous la faux qui l’effleure.

Le tilleul engourdi s’étire en gouttes d’ombre…
Sur les yeux alanguis à l’abri d’un recueil,
L’été comme un amant que le désir encombre
Avale un thé glacé et attend sur le seuil.

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Premier rivage…

Mère, premier rivage au sable tiède
Val nourricier où expire, apaisé, le premier cri
Terre d’asile où baigne la lumière
Sur le front blanc de l’enfant immaculée
Ta boussole ne connaît qu’un seul point cardinal : l’amour
Ta main est le chêne tutélaire qui jamais ne vacille

Telle un phare bienveillant
Arrimé à l’oeil des navires qui viennent et vont
Tu lâches prise au vent mais jaillis dans la tempête
Et sur ton sein flétri par les veillées et l’ombre
Les écueils ont la saveur aigre douce du limon
Tes bras abritent un port où le temps n’a plus cours

Première larme
Premier baiser
Premier berceau
Premier sourire
Première parole

Tu es la mémoire vive de ce que je fus, avant de paraître
Le miroir où mon reflet est toujours beau
Où chaque bosse, chaque loupé, chaque colère
Se dissout dans la tendresse
Et dans ton cou de femme plurale, ma mère,
C’est ton odeur bonheur que je respire.

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