Je saisis dans le feu…

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La cheminée dorant mes cheveux dénoués
Laisse mon dos presser ton torse chaleureux
Ta bouche sur mon cou, et tes mots enroués
Font palpiter mon cœur d’un élan amoureux

L’ombre de ta main en conque sur mon sein rose
Frôle de son babil un téton trop rebelle
Ma croupe s’anime et semble chercher sa pose
Aux dessins des faisceaux sur mon buste en dentelle

Chaque grain est repeint jusqu’à l’incandescence
L’artiste de ses doigts inspirés par la source
Dans un chenal étroit où naquit l’existence
Imprègne tous ses sens et la tiédeur est douce…

Ouverte à la langueur, je saisis dans le feu
Le reflet de tes yeux qui me met au tapis
Une langue en pinceau, tant ferme que soyeux,
Tourmente tous les plis et fait monter le cri…

 

Que dire sur ce texte sinon que je n’ai plus de cheminée ! Le feu de cheminée exerce sur moi une fascination apaisante et sensuelle.

Le titre initial était « Sise devant la cheminée » Cf explications sur le poème publié précédemment La vieille  ; j’ai remanié ce poème, ce qui n’est pas toujours simple si l’on veut conserver le ressenti, aussi dirais-je comme Baudelaire dans Le Balcon :

« Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses »

Tu remarqueras, cher Lecteur, qu’il est en alexandrins et que les deux quatrains en rimes féminines sont enclos par deux quatrains en rimes masculines, à toi de rapprocher ce choix de forme, du fond.

 

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La vieille…

Ce soir il y a comme une lumière
Dans son regard éteint : une chandelle
La réponse à une pieuse prière
Dans son sage fauteuil qui se rappelle…

La lune ronde émoustillait les pins,
Ses pieds légers volaient sur le parquet
À chavirer la valse de Chopin,
Le cœur dans les bras d’un homme coquet.

Sur sa robe s’accrochait une étoile
Le satin s’habillait de sa peau lisse
Dans un sourire, il fit tomber son voile
Au lendemain, un rendez-vous se glisse

Ce soir, l’âme ridée, le corps usé,
Si seule qu’elle a perdu la raison
Elle sait qu’il va venir la chercher
Et se met à coiffer son blanc chignon.

 

L’idée de ce texte est née d’une équivoque due au titre d’un autre de mes poèmes, plutôt sensuel, intitulé « Sise devant la cheminée » devenu, je saisis dans le feu .Un poète, imprégné des vers de Ronsard tirés des « Sonnets pour Hélène » crut entamer la lecture d’un poème sur « une vieille, au coin du feu » et trouva la suite très…surprenante ! Aussi, écrivis-je ensuite ce poème par jeu. Mais progressivement, j’y mêlai quelques réminiscences d’une vieille femme de ma connaissance.

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Le jour, je m’en…

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La nuit 
Je m’enfume à ta peau couleur de pain doré
Et m’enroule dans tes mots de mage blanc
Je m’arrime à tes yeux, sans volonté
Et m’assoiffe à ta bouche d’ange troublant

Le jour, je m’en…
Je m’en retourne dans mon vide immense
Comme un fou, je m’attache alors à tes pas
J’analyse les causes de ton absence
J’ai le moral au plus bas
Déméter assaisonne ce temps d’indulgence
D’un poison qui fait taire les émois
Le jour…

La nuit
Je me fais tendre biche apprivoisée
Et viens manger confiante dans ta main
Esprit mutin, terrible fée ou Circé
Pour te garder serré jusqu’au matin

Le jour, je m’en
Je m’en veux de t’avoir négligée souvent
Souvent je demande au ciel le pardon
Mais tu as perdu ta confiance maintenant
Il ne fait pas bien son travail, Cupidon
Amour et jalousie dans le même sentiment
Finissent par laisser le cœur à l’abandon
Le jour…

La nuit
Je suis jouet qui s’anime sous tes doigts
Vielle qui t’invite au voyage des sens
Vierge qui aime pour la première fois
Cœur éperdu que le désir encense

Le jour, je m’en
Je m’enivre de plein d’histoires faciles
Je me prends pour une star de cinéma
Le jour, je suis tel Robinson sur son île 
Courant après une Vénus qu’il n’a pas
Mourant de ce sentiment indocile
Qui me ramène toujours vers toi
Le jour…

La nuit
Tu te fais vent qui souffle des caresses
Éros dominant, ardent et indécent
Jeune premier en quête de prouesses
Amant ludique au sang vaillant

Le jour, je m’en…
Je m’en remets aux dieux qui me damnent
Pour qu’ils m’accordent enfin l’oubli
Des douceurs d’une divine femme
Que j’ai perdue comme un abruti
Le jour, je retiens ces larmes
Que je laisse couler la nuit
La nuit…

Duo écrit avec Vae. Le titre te rappellera certainement une très belle  chanson de Alain Baschung « La nuit je mens »… D’ailleurs ce poème tient davantage de la chanson…

 

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